Quand nous nous mettons à examiner notre vie de plus près, nous sommes rapidement confrontés à la présence de la peur, qui nous happe inconsciemment dans un cycle réactif de stratégies de survie: la fuite, le combat ou la paralysie.
Vivre son existence avec plus de conscience, d’ouverture de cœur et d’esprit, c’est à mes yeux le travail de toute une vie qui permet de découvrir progressivement qui nous sommes au-delà des peurs et des modes de protection.
C’est un choix: celui de comprendre plutôt que de juger, d’apprendre à être patient.e face à son impatience, d’accueillir la douleur de la peur, les contractions de l’insécurité, l’impuissance qui noue la gorge, parfois les torrents de larmes, pour vivre ce moment sacré ou le cœur rencontre la douleur, qu’elle soit physique ou mentale, qu’il s’ouvre à la compassion et nous révèle des trésors de tendresse.
Osez la rencontre intime de soi à soi, à l’écoute de ce corps qui possède sa propre connaissance, sa propre sagesse.
« Que ce soit dans l’éclat de la beauté ou dans les forêts obscures de la confusion et du chagrin, une force aussi sûre que la gravitation nous ramène à notre cœur » – Jack Kornfield, « Après l’extase, la lessive »
Nous avons le pouvoir de mettre en lumière la manière dont la peur façonne nos pensées et nos actes.
Nous pouvons apprendre à travailler pas à pas avec elle, comme avec toutes les émotions, au lieu de la laisser guider inconsciemment notre vie.
C’est ce qui semble être demandé aujourd’hui pour nombre d’entre nous, qui cheminons avec l’intensité du « non savoir », l’incertitude dans tous les domaines.
Nous pouvons choisir de cultiver une présence bienveillante et attentive, un cadeau souvent nécessaire dans un monde prompt à donner des conseils et à anesthésier le cœur.
Personnellement c’est ma pratique de méditation de pleine conscience, qui nourrit le courage ( dont l’étymologie est : l’action qui part du cœur) de quitter la terre ferme des illusions, du « connu » pour avancer avec l’incertitude et m‘engager dans la vie avec au creux de moi la chaleur d’un cœur qui bat.
Un cœur qui me rappelle à lui, quand ma boussole intérieure est dérèglée et que les vagues du mental génèrent la confusion.
Ce qui importe ici c’est la sincérité avec laquelle nous nous engageons, dans cette aventure qui n’est autre que notre propre vie. Nous pouvons commencer alors à percevoir à quel point des états intérieurs insoupçonnés et des croyances non formulées contrôlent notre vie. Progressivement, nous prenons conscience de tout un réseau d’émotions, d’habitudes et mettons en lumière les conflits dont nous sommes porteurs.
Ces moments de transitions sont inconfortables et comme l’écrit le poète Rainer Maria Rilke :
« Tous les dragons de notre vie ne sont peut-être que des princesses qui attendent de nous voir heureux ou courageux. »
Voici une histoire traditionnelle suédoise pour illustrer ce propos.
Le dragon et la princesse
Du fait de l’infortune de ses parents, une jeune princesse nommée Aris fut promise en mariage à un dragon. A l’annonce de la décision de ses parents, la princesse se rendit auprès d’une vieille femme reconnue pour sa sagesse après avoir élevé 12 enfants et 29 petits-enfants.
Cette femme dit à Aris de se marier avec le dragon et lui révéla les moyens appropriés pour l’apprivoiser.
Elle lui donna des instructions précises pour la nuit de noce et demanda en particulier à la princesse de revêtir à cette occasion 10 magnifiques robes, l’une sur l’autre.
Les noces eurent lieux et une grande fête fut organisée au palais pour l’occasion.
Puis le dragon et la princesse se retrouvèrent dans la chambre à coucher. Lorsqu’il s’approcha de son épouse, celle-ci l’arrêta en lui disant qu’elle devait enlever avec précaution toutes ses robes avant de lui offrir son cœur. Et sur les conseils de la vieille femme, elle ajouta qu’il devait, lui aussi, enlever précautionneusement ce qui l’habille. Le dragon accepta.
Ainsi à chaque fois que la princesse enleva une épaisseur de robe, le dragon enleva une couche de sa cuirasse d’écailles. Bien que ce fut douloureux, le dragon , retira une épaisseur d’écailles à chaque fois que la princesse enlevait une robe.
À chaque nouvelle couche, la peau du dragon devenait de plus en plus tendre et sa silhouette s’adoucit.
Il devint de plus en plus lumineux et quand la princesse ôta sa dixième robe, le dragon laissa tomber le dernier vestige de sa forme de dragon pour apparaître en prince enfin libéré d’un vieux sortilège.
La princesse Aris et son nouveau mari s’abandonnèrent ensuite au plaisir de la chambre nuptiale, suivant ainsi le dernier conseil de la veille femme pleine de sagesse.
Comme dans tout conte, nous pouvons retrouver en nous, tous les personnages de cette histoire : le dragon avec ses multiples couches d’écailles, la princesse, la grand-mère pleine de sagesse, le roi et la reine irresponsable, le prince caché et aussi l’inconnu qui jeta le sort il y a bien longtemps.
Ce que révèle cette histoire
C’est que si l’aventure de la vie ne débute pas dans la lumière pour nombre d’entre nous, le potentiel de liberté intérieure est à portée de cœur. Il nous demande de l’écouter, vraiment l’écouter et d’être courageux.se.
Aujourd’hui lorsque la peur et la confusion se manifestent, ce que ma pratique de présence attentionnée me permet de connecter c’est l’immense tendresse qui m’habite. Dans ces moment-là le simple fait de mettre ma main sur mon cœur, me permet de ressentir la chaleur qui se dégage, là où quelques minutes avant j’étais transie de froid.
Pas à pas , en accueillant avec douceur la contraction, en reconnaissant la lutte intérieure, l’inconfort de vouloir que les choses soient différentes de ce qu’elles sont – dans ce moment de choix conscient d’être avec plutôt que de lutter contre, dans cette reconnaissance « oui c’est difficile, c’est douloureux », je peux ressentir de l’apaisement.
Je découvre dans ce processus, que je n’ai pas besoin « forcément » de comprendre , ni d’analyser.
Et cela me permet de me libérer d’une habitude très coûteuse au niveau énergétique. Point de baguette magique ici, c’est un engagement de soi à soi. C’est un « apprentis-sage », retisser le lien en douceur, déjà avec soi.
Très sincèrement, pour l’avoir vécu à plusieurs reprises, dans ce processus de mue (se défaire des peaux du dragon) , la douleur ne prend plus toute la place, c’est aussi l’opportunité de découvrir un espace d’accueil en soi. De ressentir de la légèreté, d’accéder ici à une nouvelle énergie: un feu qui nourrit au lieu de détruire. Une présence chaleureuse que nous pouvons si aisément offrir aux autres et si facilement se la refuser.
La pratique de méditation de pleine conscience permet de reconnaître les schémas de tensions, et au-delà d’une culpabilité qui ne vient que les renforcer , nous pouvons à travers ce travail d’ouverture de cœur et d’esprit, revenir à la simplicité de l’expérience directe du moment présent, comme un miroir qui n’ajoute rien et n’enlève rien, faire face avec plus de ressources à ce qui se présente à nous.
Elle nous invite à nous ouvrir à une vision plus large, de soi, des autres , du monde dans lequel nous vivons. Découvrir que nous ne sommes pas limités à celle/celui que nous pensons être, et à être curieux.ses de celle/celui que nous sommes et s’engager dans ce monde avec plus de clarté et de liberté intérieure.
« Une seule vie nous est concédée, prêtée si brièvement. Alors renoncer au rêve de l’idéal, du parfait et composer, recomposer, en se trompant, en réajustant, en s’adaptant.
Acquiescer au réel tout en sauvegardant l’élan.
Avancer, résolue à ne perdre ni le contact avec soi, ni avec les autres, ni avec ce qui nous aimante »
Colette Nys-Mazure, dans » L’âge de vivre «
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